France, la classe moyenne en danger 

Pierre-Paul Dossekpli

La France s’enrhume encore ces derniers jours en raison de la grogne d’une partie de la population.

En effet le Figaro du 20 février 2024, rapporte un mot de Jérôme Fourquet, directeur du département et stratégies d’entreprises de l’IFOP qui souligne qu’il y a “un sentiment d’injustice qui grandit au sein de la classe moyenne qui estime d’avoir à peine mieux que ceux qui ne travaillent pas et qui bénéficient des minima sociaux”.

Toujours selon le figaro, certains jeunes couples, même sans enfants, ont du mal à joindre les deux bouts. C’est le cas de Mathilde une trentenaire installée avec son conjoint dans un 44 mètres carrés à Paris qui dit : « On est à l’âge de se lancer dans la vie, et on doit faire attention à tout. En gagnant à deux 4 500 euros, on n’est pas pauvres, mais on vit presque comme si on l’était ». C’est donc l’avenir de la famille qui se joue ici.

Le premier ministre Gabriel Attal reconnait le malaise quand il affirme : « Trop de Français doutent de notre pays, doutent d’eux-mêmes, doutent de notre avenir. Je pense en particulier aux classes moyennes, cœur battant de notre pays, artisans de la grandeur et de la force de notre nation française ». De même, “Lors de sa conférence de presse du 16 janvier de 2024, le président de la république Emmanuel Macron, annonçait vouloir améliorer le quotidien de “ceux qui gagnent déjà trop pour être aides et pas assez pour bien vivre”.

Le journal Le monde du 15 février 2024 va jusqu’à préciser que “Trois millions d’enfants sur quatorze vivent sous le seuil de la pauvreté avec toutes les conséquences sur leur vie quotidienne, mais encore sur leur développement”. La question se pose encore une fois sur l’avenir de la famille dans la société française.

Déjà, le journal Le Parisien du 25 janvier 2024 publiait une étude de L’Institut Montaigne qui estime que les classes moyennes recouvrent les Français qui se situent « entre les 30 % les plus modestes et les 20 % les plus aisés ». Il ajoute que Le terme est revenu au centre du débat public et depuis plusieurs mois, l’ensemble des responsables politiques fait les yeux doux aux classes moyennes. Le journal évoque notamment le cas de Gabriel Attal, qui les voit comme « le cœur battant de notre pays » et leur promet une baisse d’impôt.

Lors d’une conférence de presse le 23 janvier 2024, rapporte Le Parisien, Emmanuel Macron a annoncé une baisse d’impôts de deux milliards d’euros ciblée sur les classes moyennes. Cette mesure annoncée à la surprise générale au printemps dernier, ne sera appliquée que l’an prochain c’est-à-dire en 2025. La question se pose donc sur l’efficacité de ces mesures d’aide quant à leur potentialité à résoudre le problème de la classe moyenne, ou il s’agit simplement de et encore manœuvre politique destinée à s’assurer des voix électorales.

Le Parisien souligne aussi que l’intérêt portée à la classe moyenne, et l’accélération dans les mesures annoncées, à quelques mois des élections européennes ne sont pas complètement une surprise. Il ajoute que la majorité présidentielle ne veut pas abandonner cette catégorie des Français – qui gagne entre 1 500 euros et 2 500 euros et qui composait le gros du mouvement des Gilets jaunes.

En effet, Le mouvement des Gilets jaunes — du nom des gilets de haute visibilité de couleur jaune portés par les manifestants — est un mouvement de protestation apparu en France en octobre 2018, à la suite de la hausse de la taxe carbone. Le 16 mars 2019, une manifestation particulièrement violente déclenche un inexorable essoufflement du mouvement et les confinements liés à la pandémie de Covid 19 en 2020 et 2021 le met à l’arrêt. Toutefois, le mouvement est loin d’être mort. Comme le rapporte le journal Ouest France du 28 janvier 2024, “une trentaine de Gilets jaunes s’est réunie autour du rond-point d’Arçonnay (Sarthe), près d’Alençon (Orne), ce dimanche 28 janvier 2024. Ils profitent de la mobilisation des agriculteurs pour montrer leur colère face à l’inflation”.

Il faut donc dire que les conditions qui ont suscité les manifestations n’ont pas encore trouvé de solution durable. Pour certain, les approches du gouvernement ne sont pas en mesures de tacler le problème à la racine. Le quotidien Les échos du 24 janvier 2024 rapporte un interview donné par Lisa Thomas-Darbois, directrice adjointe des études France de l’Institut Montaigne “On ne résout pas le problème de confiance des classes moyennes avec des baisses d’impôt ». Pour elle, auteure d’une étude intitulée « Classes moyennes : l’équilibre perdu ? », il faut « revoir le système de redistribution » en France pour répondre au malaise des classes moyennes.

Il y a lieu de dire ici que le problème de la classe moyenne en France est loin d’être résolu. Six ans après les revendications des mouvements de gilet jaunes, la classe moyenne et la l’institution de la famille en général n’ont pas encore fini de gerber.

Photo: rue89bordeaux.org