Lima: carence en eau potable, un paradoxe

Thomas Djoblaouna

Le reportage réalisé par Surco Chosica relayer par Le Monde, en début du mois de mars 2024, met en évidence l’insuffisance en eau potable à laquelle Lima fait face, tandis que dans les quartiers les plus aisés, les jardins, le gazons entre autres sont bien entretenus à l’eau potable.

L’été de l’année 2024 s’annonce drastiquement pour la population de Pérou en générale et celle de Lima en particulier. En fait le reportage ci-dessus met en révèle la pénurie en eau potable à laquelle est confrontée la population péruvienne.

C’est défi auquel est confronté le pays n’est pas un cas isolé. En effet près de 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à une eau potable gérée de façon sûre dans le monde, selon le rapport mondial de Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau présenté au siège de l’Unesco, à Paris vendredi 22 mars 2024 à l’occasion de la journée mondiale de l’eau.

La population est vraiment inquiète par rapport à cette crise. Le cas de Brigida Yana Condori est preoccupante. Domicilié au quartier de Villa Maria del Triunfo, à la périphérie de Lima, Yana n’hésite pas de contrôler sa citerne contenant l’eau pour vérifier la quantité d’eau qui lui reste pour se servir, elle et ses enfants.

L’eau potable est une substance vitale. Elle doit être recherchée comme une perle très précieuse. C’est pourquoi s’en procurer de l’eau auprès de ses voisins ou au passage opportun des comminons citernes d’eau au prix exorbitant par rapport à l’eau de canalisations est une obligation pour la riveraine ; par conséquent même une seule goutte ne doit être perdue ; même celle qui est déjà usée doit être utilisée de nouveau pour faire le ménage a-t-elle affirmé au reporteur.

La préoccupation de Condori ne se limite pas seulement au manque d’eau potable. Son inquiétude concerne aussi la maladie de Dengue qui plane sur le pays. Le virus de la dengue, est un flavivirus qui sévit principalement dans l’ensemble des zones tropicales selon le site sante.gouv.fr du ministère du travail de la santé et des solidarités. En Amérique latine, l’on recense 1,9 million de cas. Au Pérou, l’état d’urgence est déclenché dans une vingtaine de département parmi lesquels Lima.

Faut-il dire que le manque en eau potable est dû au fait que le quartier n’est pas raccordé par le Système de distribution en eau potable par l’entreprise publique Sedapal comme déclare Brigida ?

Loin de-là. Il ne s’agit pas seulement le non raccorde de la ville par le Système de distribution en eau potable, mais il y a aussi d’autres facteurs comme la localisation géographique de la ville, l’irrégularité voire l’absence des précipitations qui touche les villes préurbaines, les maisons qui poussent comme des champignons et la croissance incontrôlée violant ainsi le plan d’urbanisations et le fait que le raccorde de ces villes est extrêmement couteux. Pour Eduardo Zegarra, chercheur au sein du Groupe pour l’analyse du développement, le Grade, ces quartiers ne sont pas de priorités a-t-il affirmé dans le même reportage.

Le manque d’eau potable au Pérou est-il un paradoxe ou un mythe ? comment explique-t-on que chaque habitant du quartier aisé à lui seul consomme 350 litres d’eau par jour alors qu’un habitant du quartier de pauvre n’en consomme qu’entre 20 et 70 litres d’eau. Nonobstant que la distribution des eaux soit inégale le pays n’échappera pas à la rareté de celle-ci a affirmé Marielle Sanchez, directrice de l’organisation Aquafondo. Sanchez appelle à la prise de conscience des habitants et à un usage sobre d’eau. Mais le problème d’eau potable est loin d’être résolu.

Photo : sur les rives du rio Rimac, à Ate (Pérou), dans la province de Lima, le 6 mars. Paul GAMBIN pour « LE MONDE ».