La liberté religieuse et la sécurité en Afrique: un souci pour l’église africaine

Du 29 octobre au 1er novembre 2024, à Nairobi, au Kenya, la Conférence des Églises d’Afrique (CETA) a organisé un symposium théologique majeur afin de discuter de l’équilibre délicat entre la protection des libertés religieuses et la garantie de la sécurité publique en Afrique.

Cet événement a rassemblé des leaders religieux et des experts du continent Africain pour aborder des questions cruciales concernant les violences liées à la religion en Afrique.

Le symposium a été marqué par une série de débats sur des événements tragiques, notamment les massacres récents ayant fait des centaines de morts au Kenya. Ces violences ont entraîné des préjudices graves, des pertes en vies humaines et matérielles.  Les participants ont souligné l’exploitation religieuse qui contribue à ces violences et l’absence de contrôle de l’État dans certaines régions, notamment au Rwanda et en Zambie.

Il faut rappeler qu’en 2018, le Rapport  sur la liberté de religion dans le monde, concernant la République Centrafricaine, soulignait déjà que l’insécurité et la liberté religieuse etaient  gravement menacées. En effet, Le 1er mai 2018, des miliciens armés ont attaqué l’église catholique de Notre-Dame de Fatima à Bangui, tuant le père Toungoumalé-Baba, 26 fidèles et blessant   une centaine de civils.

Par la suite, des miliciens anti-Balaka ont incendié deux mosquées, ainsi que la cathédrale, tuant Mgr Blaise Mada, le père Célestin Ngouambango et plus de 40 civils. Face à ces violences, la Plateforme des Confessions Religieuses de Centrafrique a publié un mémorandum le 25 mai pour condamner ces atrocités et appeler le gouvernement à rétablir la paix et la cohésion sociale.

En réponse, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour restaurer la paix et promouvoir la réconciliation entre chrétiens et musulmans, en organisant des ateliers d’information et en utilisant les médias pour sensibiliser la population. Cependant, malgré ces efforts, la violence et l’insécurité persistent, et la paix ainsi que la cohésion sociale restent hors de portée. Le 10 mars 2023, en Ouganda, le pasteur Adinani Bulwa a été tué par sa propre famille en raison de sa conversion à la foi chrétienne, ainsi que celle de son épouse et de leurs enfants, de l’islam au christianisme. Cette tragédie est survenue en raison du manque de liberté religieuse. Depuis sa conversion, le 24 janvier 2019, le pasteur et sa famille étaient régulièrement menacés de mort par des musulmans de leur région.

Face à telles violences, les autorités ecclésiales se sentent interpeler et appellent à la mise en place d’un système pouvant palier à des pareilles situations. Dans son discours d’ouverture, le pasteur protestant tanzanien, Fidon Mwombeki, secrétaire général de la CETA a insisté sur la nécessité de trouver un équilibre entre la régulation gouvernementale et la protection des droits individuels, en particulier dans le domaine religieux. « L’objectif n’est pas de nuire à l’indépendance des organisations religieuses, mais de protéger les individus contre les abus qui compromettent leur dignité et leur sécurité », a-t-il déclaré.

Cette déclaration a souligné l’importance de défendre la liberté religieuse, un droit sacré et inaliénable, qui, selon le Catéchisme de l’Église catholique, fait partie des exigences fondamentales de la dignité humaine (CCC 1738).

C’est dans cette perspective que les participants ont également discuté de la mise en place de mécanismes de collaboration équilibrée entre les autorités civiles et les communautés religieuses afin de préserver à la fois la liberté de culte et la sécurité des citoyens. La mise en œuvre des résolutions issues du symposium devrait intervenir dans les mois à venir, avec l’espoir de renforcer la coexistence pacifique en Afrique.

Un geste concluant allant dans ce sens est le cas du Nigeria. En fait, le 27 octobre 2024, l’Abbé Thomas Oyode, recteur du Petit séminaire Immaculée Conception à Ivhianokpodi-Agenebode, dans l’État d’Edo, a été enlevé par des individus non identifiés. Selon Vatican News, les ravisseurs ont attaqué le séminaire et pris deux séminaristes en otages. En réaction, Mgr Gabriel Dunia, évêque d’Auchi, a condamné cet acte d’insécurité ciblant les religieux et a appelé le gouvernement à lutter contre ce fléau, qui touche tant la religion que la société nigériane. Suite à cet appel, l’Abbé Oyode a été libéré grâce à la coopération des autorités et des forces de sécurité.

Fondée en 1958 lors des conférences des organisations chrétiennes d’Afrique à Ibadan, au Nigeria, la Conférence des Églises d’Afrique représente aujourd’hui environ 120 millions de fidèles à travers 174 Églises nationales et conseils régionaux. La première rencontre officielle de cette conférence s’est tenue à Kampala, en Ouganda, le 20 avril 1963. Son objectif est de promouvoir il dialogue œcuménique, féliciter la collaboration entre les religions et les autorité civiles fondé sur le respect et la valorisation de la dignité humaine, la liberté de religion e la cohésion sociale pacifique en autre.

Photo: Vatican Media