Religion et medias : la reconciliation est urgente

Le mercredi 13 novembre 2024, l’Université de Santa Croce à Rome a accueilli une journée d’étude sur la couverture médiatique des religions, organisée par l’Association ISCOM avec le Comité « Journalisme et Traditions religieuses », en collaboration avec l’Université.

Le mercredi 13 novembre 2024, l’université de la Santa Croce à Rome a accueilli une journée d’étude sur la couverture journalistique des religions, organisée par l’Association ISCOM avec le Comité « Journalisme et traditions religieuses », en collaboration avec l’Université.

Des professionnels des médias de diverses appartenances religieuses se sont succédés pour confronter leurs perspectives pour etablir des relations entre les travailleurs de l’information et les leaders religieux, et promouvoir une meilleure compréhension du phénomène religieux dans l’opinion publique.

Selon Giuliano Savina, Directeur du Bureau national pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux à la Conférence épiscopale italienne, la promotion d’une “connaissance correcte des traditions religieuses est urgente, utile et nécessaire.” Il souligne également que l’ignorance déclenche un processus dangereux dont la déconstruction est une opération de plus en plus complexe, difficile et non indolore.

De plus, « les principales sources d’information pour les Italiens sont algorithmiques », constate Fabio Bolzetta, Président de l’Association « WebCattolici Italiani ». Il relève comment les messages sont souvent soumis à des distorsions. De plus, dit-il, de nombreux thèmes chers au christianisme sont également exposés à un fort taux de polarisation.

Pour expliquer cet état de chose, Davide Jona Falco, Assesseur à la Communication de l’Union des Communautés Juives Italiennes, pointe le fait que « la relation controversée entre la religion et les médias de masse reflète la relation complexe qui caractérise la religion aujourd’hui par rapport à la société contemporaine ». Il invite à repenser ce que sont les religions et ce que sont les médias.

De plus, affirme Davide, plusieurs contenus médiatiques contiennent des références religieuses sans vraiment véhiculer « des messages spirituels ». Antonino Piccione parle de « couverture journalistique extensive et pas toujours approfondie ».

Si la « phénoménologie religieuse a toujours eu du mal à être présente dans la communication de masse », constate Roberto Cipriani, Émérite de Sociologie à l’Université Roma Tre, « les récits cinématographiques et télévisuels, y compris la publicité, qui ont un certain sujet religieux comme protagonistes, semblent avoir plus de succès ».

Pour Luca Bernabei, Administrateur délégué de Lux Vide, même aujourd’hui, « la demande de contenu sur la foi augmente de manière effrénée ». Cette demande se heurte aux caractéristiques du marché actuel « qui exige de nouvelles lignes narratives et une nouvelle approche de l’histoire de la spiritualité », remarque-t-il.

Giovanni Cubeddu, Directeur éditorial de Cinitalia, reste convaincu que « sur n’importe quelle plateforme de communication, il est possible avec professionnalisme et sincérité de proposer des produits adaptés ». Selon lui, ces initiatives devraient partir de « témoignages réels, d’expériences ». Et sur ce terrain, « la tradition religieuse a beaucoup à dire », conclut-il.

Pour Marta Brancatisano, du comité « Journalisme et tradition religieuse », la dimension spirituelle et donc transcendante est un élément de soutien de la structure humaine. C’est pour cela que le comité s’attelle à contribuer à la connaissance scientifique en diffusant les caractéristiques fondamentales des traditions religieuses les plus répandues en ce moment historique.

Des initiatives comme « La revue mensuelle d’Israël », fondée par Alfonso Pacifici et Dante Lattes en 1925, est le lieu le plus important de débat culturel dans le judaïsme italien, souligne David Gianfranco Di Segni, Directeur de La Rassegna Mensile di Israel.

Selon Zouhir Louassini, journaliste à la RAI News, aujourd’hui, les séries télévisées montrent la vie quotidienne de musulmans qui font face à des dilemmes identitaires et moraux dans la vie de leur foi dans des contextes modernes. Il invite à l’ouverture au dialogue tout en évitant les stéréotypes.

Pour Ahmad Ejaz, du « Centro Islamico Culturale d’Italia », le monde musulman doit s’impliquer un peu plus dans ce « dialogue mutuel constant ». Il y a plus de deux millions et demi d’immigrants musulmans en Italie, mais dans les médias italiens, leur présence en tant que journalistes, analystes et cadres est très faible, remarque-t-il.

Afin d’harmoniser ces initiatives, Davide Dionisi, Envoyé spécial du Gouvernement italien pour la promotion de la liberté religieuse, propose « une sorte d’autorité médiatique en matière de religions ». Il envisage un organisme « plus attentif à l’information qu’à la censure ».

La religion et la communication entretiennent un rapport plutôt essentiel. Selon l’INA, « si l’on entend par “communication” la production et la diffusion de sens, dans une relation d’altérité, les religions s’inscrivent d’emblée dans une perspective communicationnelle ». La présence de la religion sur les médias, semble répondre a une unité de sens qui traverse ces deux réalités.

Dans son intervention, Giuliano évoque une communication correcte pour aider à passer « de la suspicion a la confiance a travers une herméneutique de la cohérence. En fin de journée, les médias et les religions semblaient avoir ouvert un chemin vers une réconciliation possible.